Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Havre d'avant... ou l'histoire en photo de la ville du Havre et des Havrais avant la guerre...
15 avril 2008

La première Place de la Bourse

Si l'étranger qui vient visiter le Hâvre arrive par un des passagers sur la place de la Bourse, la ville lui apparoît sous un point de vue fort agréable. Devant lui est le vieil hôtel-de-ville, ancienne demeure des souverains qui venoient en cette cité ; à sa droite, le port rempli de bâtimens de toutes les formes et de toutes les grandeurs ; à l'extrêmité du grand quai, la douane, dont l'Etat tire des produits très considérables ; au-delà, le bassin de la barre et l'entrée du quartier militaire ; du côté opposé, la Bourse, plus remarquable par l'importance des affaires qui s'y font, que par sa construction ; non loin de lui, la tour de François Ier ; en face, la rue de Paris, au bout de laquelle se découvre le riant côteau d'Ingouville.

A00258

La place de la Bourse présente des scènes d'une extrême variété et toujours intéressantes. On y voit paroître alternativement des gens de ton et de profession très opposés ; souvent, en même temps, des négocians, des marins, des employés aux douanes, des marchands Bas-Normands ; enfin, un assemblage d'une telle bizarrerie qu'on le chercheroit vainement ailleurs. Ces contrastes fort amusans pour l'observateur, lui font faire des rapprochemens très singuliers. A chaque marée, les productions des deux rives de la Seine s'échangent sur cette même place.
Dans les longues soirées d'hiver, le vent y apporte quelquefois, à l'oreille du passant, les sons confus de la voix rauque des marins, mêlés au bruissement d'une mer tempétueuse ; ce bruit a quelque chose de sinistre qui fait naître de sombres pensées ; mais, au milieu des belles nuits d'été, le même lieu retentit de refrains d'amour. La place est alors couverte de marins et de jeunes filles, qui forment des rondes en répétant les vieilles chansonnettes de leurs aïeux. Dans les réjouissances publiques on y élève un orchestre, et des hommes occupés toute l'année de pénibles travaux, y cherchent une distraction nécessaire à leurs fatigues. Les danseurs sont environnés de parens et d'amis qui, pendant qu'on se livre au plaisir, racontent à leurs voisins les beaux spectacles qu'ils virent, les fêtes qu'ils partagèrent. Le souvenir des joies du jeune âge est infiniment doux ; on aime à se rappeler que, dans cette vie passagère, il fut quelques instans de félicité : ces pensées de bonheur procurent à l'âme une satisfaction inexprimable.
Quand le Hâvre reçoit un de nos princes, c'est encore là qu'on élève des obélisques pour célébrer son arrivée.
Jadis, la fontaine de cette place étoit surmontée de la statue pédestre de Louis XIV : elle fut détruite pendant la révolution.
Sur un banc posé près de l'entrée de la tour, s'asseyent les pilotes. Ce sont pour la plupart de vieux marins qui ont beaucoup vu, beaucoup retenu, et peuvent, par conséquent, faire des récits longs et variés. Ils se racontent entre eux des faits divers avec une originalité très piquante. Ils semblent, tant ils mettent de vérité dans leur accent, que la chose se soit passée récemment.

A00259

Ce texte est extrait d'une description du Havre publiée en 1825. L'orthographe d'époque a été conservée.

La deuxième illustration est extraite de l'ouvrage de Jean Legoy, Le Peuple du Havre et son histoire - volume 2 - Du négoce à l'industrie 1800-1914. Elle représente l'entrée du port et la place des Pilotes vers 1820. On y découvre au fond le logis du Roy, édifice sur lequel je ferai un billet dans les prochains jours. C'est une gravure anglaise, oeuvre de Gendall et Sutherland. (Collection Legoy)


Publicité
Publicité
Commentaires
M
Bonjour Damien<br /> <br /> Félicitations pour votre site<br /> Toujours de belles cartes postales et de belles histoires<br /> Amicalement<br /> Monique Tota
Derniers commentaires
Publicité
Archives
Le Havre d'avant... ou l'histoire en photo de la ville du Havre et des Havrais avant la guerre...
Publicité