Le Kursaal

Le Kursaal fut la première salle digne de ce nom à s'installer dans le centre-ville. Elle ouvrit ses portes en 1912 au 22, rue de Paris. D'une capacité de 1000 places, elle appartenait à la Société Gaumont.

Sur cette vue, on reconnaît l'entrée du Kursaal grâce à sa verrière. La photographie date de la première guerre mondiale, vraisemblablement vers 1915.

"Cette salle de quartier n'avait pas un hall d'entrée à la mesure de sa capacité, nous disent Max Bengtsson et Gilbert Betton dans leur ouvrage Centre Historique du Havre, quartiers Notre-Dame et Saint-Joseph. Il disposait d'un balcon que les habitués appelaient "la poulaille".
Celui-ci était fréquenté par une population de gais lurons, pas toujours respectueuse des bonnes règles. On fumait, on discutait bruyamment, on sifflait durant les actualités, on jetait des boulettes de papier, certains même poussaient la plaisanterie à cracher sur les gens du parterre.
Cette salle était fréquentée en majorité par les habitants des quartiers Notre-Dame et Saint-François. Très populaire, l'établissement faisait recette malgré la mauvaise réputation dont on l'affublait.
C'est dans ce cinéma que les premiers films de Charlot et du Kid furent visionnés en 1915. C'est également dans cette salle que les premiers longs métrages comme Rouletabille ou Le mystère de la chambre jaune de Maurice Tourneur remplirent la salle durant plusieurs semaines.
En 1929 fut présenté, en exclusivité et pour la première fois au Havre, un film parlant.

C'est fin 1938, que des films en couleur venus des U.S.A., apparaissent sur les écrans des cinémas havrais dont le Kursaal (King-Kong, La fille du bois maudit, Frankenstein...)."

Sur cette photographie tirée du même ouvrage, on peut découvrir l'intérieur du Kursaal.

Pendant la seconde guerre mondiale, à partir du 21 mai 1940, les mauvaises nouvelles du front font fermer leurs portes aux cinémas havrais. Et le Kursaal n'échappe pas à la règle... Même si quelques cinémas vont rouvrir portes en juillet et août de la même année, le Kursaal reste fermé jusqu'à sa destruction lors des bombardements de la nuit du 5 au 6 septembre 1944.

On découvre ici les restes du Kursaal après le passage des raids alliés. Dans le fond, on distingue la façade bien abîmée de l'église Notre-Dame, future cathédrale.

Le 12 octobre 1960, à peu près au même endroit, au n°28 de la rue de Paris, un nouveau Kursaal ouvrira ses portes. Cette fois-ci, la salle n'avait plus de balcon... malheureusement, elle ne fit pas les mêmes recettes qu'avant-guerre. Ce Kursaal fermera définitivement ses portes quelques années plus tard.

Comments

[marie]

Je suis arrivée au havre dans le quartier Perret en 1969 ! Rouennaise de naissance, je reste havraise de coeur même si j'ai quitté cette magnifique ville en 1982 pour retourner dans ma cité d'origine.Quoiqu'il en soit le premier film que mes parents m'ont emmenée voir au cinéma, c'était Hello Dolly au Kursall,rue de Paris!En fait, j'avais déjà fréquenté une salle obscure à Rouen ,mais le nom m'échappe même si depuis j'ai appris à connaître Rudiard Kippling:c'était le livre de la jungle des studios Disney.

Mais mes premières émotions de spectatrices devant une vraie comédie musicale aux accords chaleureux des voix de Barbara Streisand et de Louis Amstrong,ce fut là,dans cette salle reconstruite, dans ce quartier que je fais maintenant visiter avec plaisir à mes enfants ou mes jeunes élèves!

Plus tard ,d'autres petites salles m'ont recueillies mais à présent ,je regrette que nous devions fréquenter les multiplexes sans âme pour s'évader un peu devant de belles toiles.

[lanterne magique]

Bonjour,
Intéressant votre article sur Kursaal, mais les havrais ne pouvaient découvrir la couleur avec King-Kong ou Frankenstein car ces films sont en noir et blanc.
La publicité pour les films parlants - que lon rerouve partout d'ailleurs et je ne sais pa où les gens la trouve pour la reproduire, est-ce le livre de M. lEGOY ? - est fausse, il ne s'agit de projections parlantes, mais seulement d'une démonstration. Ce ne sont sont pas les premiers films parlants diffusés au Havre, il y avait eu précédemment des essai et les baraques foraines en isffusait, il s'agissait souvent de chansons filmées et synchronisées et ceci dès 1905.
Concernant DRACULA, la direction de ce cinéma avait la facheuse habitude de tailler dans les films ou de replier l'affiche quand celle-ci avait une interdition - 16 - 18.
Le titre exacte du film est tout simplement "LE MYSTERE DE LA CHAMBRE JAUNE", projeté en 1913. Rouletabille est le nom du personnage incarné par Marcel Simon du Théâtre REJANE. La suite "LE PARFUN DE LA DAME EN NOIR n'arriva qu'en 1914 avec un autre réalisateur et d'autres comédiens.
Le premier film véritable parlant fut diffusé à L'ALAMBRHA en février 1930 "LA CHANSON DE PARIS" avec Maurice Chevalier (mais cela reste à confirmer)
Bien cordialement.
Marc GEORGES;

[Arnaud]

Je suis allé voir "Dracula vit toujours a Londres" en 1979 dans cette salle (le film est sorti en 1974 mais je me souviens parfaitement de l'année), le cinéma aura quand même tenu 20 ans...