L'ancienne Caserne des pompiers
Il y a quelques jours, j'avais fait un billet sur l'Hôtel de Beauvoir qui fut un temps le deuxième Hôtel de Ville du Havre. Au cours de cet article, j'avais été amené à vous parler des casques qui ornaient le portail de cet édifice, casques que l'on peut encore admirer sur le portail de l'actuelle caserne des pompiers, sise 9, rue Dumé d'Aplemont.
Cependant, avant d'être installés sur le portail de cette caserne, ils le furent aussi sur celui de l'ancienne caserne du Havre, située 1, rue Caroline (devenue ensuite, rue Racine).
Voici ce que disait Raoul Lefaix en 1928 à propos de cet édifice...
"Elevé en 1822 par les dames Ursulines à l'angle de la rue de la Mailleraye et de l'ancienne rue du Parc, devenue rue Caroline, puis finalement, la rue Racine de nos jours, cet édifice fut vendu à la Ville, en 1852, pour la somme de 350.000 francs. Elle y installa l'école des Frères, de 1853 à 1855, puis, en dernier lieu, la caserne des pompiers, laquelle fut démolie vers 1925, après l'aménagement du nouveau local, rue Dumé-d'Aplemont.
L'ensemble formait un vaste quadrilatère au centre duquel était une cour. Déjà, il y a quelques années, on avait dû jeter à terre le bâtiment de la partie occidentale qui menaçait de s'écrouler.
Les cimiers surmontant la porte d'entrée, sont aujourd'hui au musée d'archéologie de Graville. Ils provenaient de l'ancien Hôtel de Ville."
En fait, si on choisit de démolir cette caserne en février 1925 pour édifier, sur le même ilôt délimité par les rues Emile Zola, Racine, de la Mailleraye et Bernardin de Saint-Pierre, une maison collective à bon marché de 75 logements, c'est que malgré seulement un siècle d'existence, sa vétusté la rendait dangereuse. En témoigne l'étayage d'une partie du bâtiment vers 1920...
Finalement, les logements en question ne seront même pas construits, le coût du projet entraînant son abandon au profit d'une place publique dénommée Albert René en 1930.
Jusqu'à la création de cette caserne, les interventions sur les incendies étaient assurées par une cinquantaine d'hommes, répartis en quatre brigades de gardes-pompes volontaires. Des pompes à incendie étaient implantées sur plusieurs points de la ville.
Ce n'est qu'en 1852 qu'une compagnie de sapeurs-pompiers est créée au Havre suite à un arrêté préfectoral. Cette compagnie s'établit donc comme vu plus haut, dans l'ancien couvent des Ursulines, situé 1, rue Caroline (rue Racine).
Une trentaine d'hommes, habillés et équipés en conséquence, s'installent dans ces lieux le 16 décembre 1855.
Deux magnifiques casques sculptés provenant de l'Hôtel de Beauvoir viennent couronner l'entrée de la caserne.
Celle-ci est organisée en carré autour d'une vaste cour intérieure.
Les échelles et les pompes sont tractées par des chevaux. Ainsi, jusqu'au début du XXe siècle, les Havrais sont habitués à voir sillonner dans les rues du Havre et intervenir sur les lieux d'incendie ces drôles de pompes hippomobiles.
Les vieilles habitations des quartiers Notre-Dame et Saint-François, ainsi que les constructions en bois du quartier du Perrey donneront d'ailleurs beaucoup de fil à retordre aux sapeurs-pompiers.
La mort de cette caserne est programmée dès 1912, quand après un conseil municipal, on décide d'entreprendre les travaux de construction d'une nouvelle caserne, rue Dumé d'Aplemont. Retardés par la première guerre mondiale, ces travaux seront finalement achevés en 1924. Les pompiers quittent alors l'ancienne caserne de la rue Caroline pour la nouvelle le 15 décembre de la même année. Ils emmèneront avec eux les deux fameux casques qui seront réinstallés sur le portail de la nouvelle caserne.
Sources :
- Le Havre de 1517 à 1966, 2500 dates au fil des années, Michel ELOY, Etaix, Le Havre, 1967.
- Le Vieux Havre en 1928, Raoul LEFAIX, Editions La Galerne, Fécamp, 1993.
- Le Havre en photographies 1860-1910, Yann FAVENNEC, Fabrice RICHER, Pascal VALINDUCQ, Editions François 1er, Le Havre, 2004.