Non au démantèlement des portes de la Caserne Kléber... compléments
Petits compléments au précédent article déjà publié sur les portes de la caserne Kléber, toujours menacées de destruction...
Tout d'abord, la plaque...
Elle fut apposée et inaugurée en 1984, par le maire d'alors, M. André Duroméa. Par ce geste, il voulait rendre hommage et évoquer le souvenir de tous ceux qui avaient donné leur vie pour arrêter l'ennemi sur les bords de la Marne. Rappelons que le célèbre 129e Régiment d'Infanterie avait participé à la Bataille de la Marne. Il avait tenu garnison dans la caserne Kléber jusqu'en 1939.
Aujourd'hui, il ne reste de cette caserne que quelques vestiges dont le portail... Plutôt que de le détruire, est-ce qu'une belle restauration qui passerait par la suppression des thuyas qui ont poussé juste derrière, un nettoyage des pierres ne serait pas plus judicieux ?
Le linteau en fer forgé et les chapiteaux qui le soutenaient sont toujours là, soigneusement rangés derrière la porte... Il n'y aurait qu'à les refixer...
Rappelons tout de même que c'est pour une obscure visée artistico-architecturale que l'on veut détruire ce vestige du passé ! La porte gênerait la vue du beau marbre blanc des immeubles de la nouvelle cité judiciaire !!! Mais à ce jeu-là, ne faudrait-il pas abattre également l'immeuble de la DDE ? Et plutôt que de faire table rase du passé, ne peut-on pas l'accorder au moderne ?
Cependant, si destruction, il devait un jour y avoir, ce ne serait malheureusement pas la première... Le conseil municipal vient d'accorder le permis de destruction du Château de Montgeon... Concernant la porte, il reste encore aujourd'hui un bout du portique. Mais il était bien plus grand après guerre qu'il ne l'est aujourd'hui...
En effet, en 1978, on note qu'il comportait encore ses trois voûtes... Où sont passées deux d'entre elles ? Déjà, on se posait la question de la conservation des vestiges de la caserne Kléber. Le choix avait été fait de les conserver au nom du souvenir... Pourquoi revenir aujourd'hui en arrière ?
Pourtant, de manière un peu paradoxale, on a dans le même temps remis en état d'autres vestiges de la caserne. Ainsi, le cercle des officiers abrite aujourd'hui le bureau du recrutement territorial. On peut constater que restaurés, ces bâtiments s'incorporent merveilleusement aux nouveaux édifices de l'entrée de ville !
Malgré tout, les vestiges de la caserne sont de moins en moins nombreux... Ils l'étaient beaucoup plus au lendemain de la guerre et n'ont pas été détruits que par les bombardements.
En lieu et place de la caserne, un ensemble administratif a poussé, et le béton fertile a mangé peu à peu ce qui l'entourait.
D'autres vestiges de la caserne furent ainsi condamnés à la démolition. Ainsi, en 1982, on détruisit une vieille bâtisse Napoléon, témoignage vivant de l'ancienne présence de la caserne dans la ville. C'était une ancienne dépendance à laquelle un groupe de clochards avaient malencontreusement mis le feu en septembre 1981. On constate que parfois l'Histoire bégaie et que de tristes hasards arrangent quelquefois nos politiques. Tout lien avec des événements récemment arrivés au Château de Montgeon ne serait pourtant que simple coïncidence...
Malgré tout, encore une fois, d'autres édifices furent rénovés dans les années passées. Ainsi, en 2002, on remit à neuf le dernier vestige de la caserne Kléber encore debout avec le portail et le cercle des officiers... Il abrite aujourd'hui des services administratifs de l'Action Sociale.
Il fut inauguré le mercredi 3 juin 2003 par M. Antoine Rufenacht, maire de la ville. A cette occasion, ce dernier déclara : "Cet immeuble se situe parfaitement à l'interface de la ville ancienne, du secteur des gares et du secteur portuaire". Souhaitons que d'ici quelques mois, on n'en arrive pas au même état de fait que pour le château de Montgeon... Le portail de la caserne Kléber est lui-aussi à l'interface de la ville ancienne et de la moderne, avec la construction de la nouvelle cité judiciaire. Plutôt que de faire table rase du passé, pourquoi de pas l'incorporer dans la ville d'aujourd'hui ?
Lors des dernières élections municipales, M. Rufenacht avait dit qu'il se verrait bien maire encore, en 2017, pour fêter le 500ème anniversaire de la fondation de la ville. Mais que serait cet anniversaire sans le peu de traces qu'il nous reste aujourd'hui de la ville d'avant-guerre ? C'est un homme qui ne veut pas se retourner vers le passé, mais être résolument tourné vers l'avenir. C'est tout à son honneur, mais on ne construit pas l'avenir en faisant table rase du passé...
Voici le même bâtiment aujourd'hui... Avouons qu'il serait dommage de voir disparaître de tels édifices ! Et les portes de la caserne en font bien partie...
Pour conclure ce billet, je tiens à préciser que M. Rufenacht n'est en rien visé ou soupçonné de quoi que ce soit dans cet article, et dans l'intention supposée de détruire la porte de la caserne Kléber. En effet, la porte Kléber se trouve sur le "territoire" de la DDE. Toutefois, j'ai du mal à croire qu'il ne puisse avoir la moindre influence sur ce qu'il est permis de faire ou non, et j'aimerais des réactions, quelqu'elles soient, de la part de responsables municipaux. Le top serait même d'avoir leur soutien...
Souhaitons en tout cas qu'on n'en arrive jamais à la destruction des portes de la caserne Kléber, et que d'ici peu, des décideurs politiques ou des responsables du chantier de la cité judiciaire, interviendront, en nous rassurant et en nous disant que l'on s'est trompés et que jamais il n'a été question de détruire cette porte, trace du passé et de la présence du 129e RI dans notre ville. Jusqu'à ce jour, elle reste devant nos yeux un souvenir vivant de tous ces hommes qui ont été jusqu'à donner leur vie en 1914 pour sauver la France.
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Dernière minute :
Ce jour, jeudi 9 avril 2009, un nouvel article de presse peut être porté au dossier... Celui paru dans les journaux locaux d'aujourd'hui. Signalons au passage une petite erreur : c'est bien le 129e Régiment d'Infanterie qui tint garnison dans la Caserne Kléber, et non le 329e, comme indiqué dans l'article.
Espérons que cet article suscitera des réactions...
Sources :
- Coupures de la presse écrite locale, Archives Municipales du Havre.
- Journaux locaux, Archives Municipales du Havre.
- Photographies personnelles.