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Le Havre d'avant... ou l'histoire en photo de la ville du Havre et des Havrais avant la guerre...
19 février 2008

Et si la guerre...

Et si la guerre n'avait pas fait disparaître le Vieux Havre...
Et s'il n'y avait pas eu de 5 septembre 1944... ni tous les autres bombardements précédents !
Et si la guerre n'avait pas eu lieu...
Et si...

Quel visage aurait la ville aujourd'hui ?
Ce ne serait pas Le Havre reconstruit
.
Pas d'architecture Perret.
Pas de reconnaissance en tant que patrimoine mondial de l'Humanité.

Et pourtant, pourrait-on pour autant se targuer d'avoir su conserver son patrimoine et préserver les vieux quartiers historiques de la ville... D'aucuns se rappellent sûrement dans quel état de délabrement étaient les quartiers Saint-François et Notre-Dame avant guerre... Est-ce que les bombardements qui ont tué, dévasté, meurtri toute une ville n'ont pas dans le même temps rendu service aux urbanistes, en leur évitant la délicate mais nécessaire démolition de certains quartiers...

Un article daté du 8 novembre 1938, tiré du Petit Havre et consulté aux Archives Municipales du Havre, témoigne de ce Vieux Havre qui disparaissait déjà...

Qui peut donc dire aujourd'hui ce que serait devenu ce Havre là, et finalement, quel visage aurait la ville aujourd'hui ?

A00141

Dans quelques jours la municipalité va procéder à la mise en adjudication des travaux que va nécessiter la démolition des deux derniers immeubles qui font encore saillie sur les alignements de la rue Emile-Renouf.
Ce fait, pour banal qu'il soit, mérite quelque peu de retenir l'attention de ceux qui se plaisent à jeter un coup d'oeil sur le passé de notre cité.
Tels ils se présentent encore, ces deux immeubles qui portent les numéros 49 et 51 nous montrent combien étaient étroites la rue des Remparts.
Il ne faut pas en effet oublier que la voie qui porte encore ce nom, n'est en réalité qu'un tronçon de la rue jadis ainsi dénommée.
L'ancienne rue des Remparts s'étendait de la place Richelieu jusqu'à l'Hôtel du Lieutenant gouverneur, qui se trouvait à l'endroit où a été établi le garage de la jetée vis-à-vis l'actuel Café de la Poste.
Cet Hôtel du Lieutenant gouverneur servit d'Hôtel de Ville de 1792 à 1865.
La rue des Remparts suivait réellement le contour des remparts dans la partie ouest et nord.
Elle porta précédemment le nom de rue des Murailles et la plupart des maisons étaient adossées aux fortifications. Dans les étages des communications étaient ouvertes sur les remparts même, et les blanchisseuses étendaient leur linge sur le gazon. (C'est un usage qu'il y a cinquante ans on voyait encore pratiquer sur les fronts de Malakoff et de la Floride).
En 1667, des corderies royales, ayant été créées dans la gorge du bastion Saint-André, le tronçon ouest de la rue des Remparts prit le nom de rue de la Corderie. Sous Louis XV, la municipalité lui substitua la dénomination de rue des Ecuries, sans doute à cause des écuries du lieutenant du roi et de ses officiers dont l'hôtel était, comme nous venons de le dire, élevé en cette rue.
En 1893, ce tronçon de la rue des Remparts reprit le nom de rue de la Corderie qu'il conserva jusqu'au jour où il fut désigné pour perpétuer le souvenir du grand peintre Emile-Renouf qui professa un si profond amour pour la mer et les marins.
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Les deux immeubles qui vont être abattus étaient acquis depuis longtemps par la ville, mais l'un d'eux était occupé par des familles, payant peu ou point de loyer et qu'on ne parvenait pas à loger ailleurs
(comme quoi la crise du logement ne date pas d'aujourd'hui...) C'est aujourd'hui chose faite et il est heureux qu'il en soit ainsi car l'immeuble est dans un tel état de délabrement que des accidents étaient à redouter.
Pourquoi donc nous occuper de ces bâtiments qui n'offrent aucun caractère bien pittoresque ?
C'est que, dans la simplicité de leur architecture, ils rappellent deux types différents des grandes constructions en brique enserrées jadis dans la première enceinte du Havre, alors que, non loin, on peut voir des maisons de moindre importance faites en colombages et certainement antérieures à celles qui nous occupent.
L'immeuble du numéro 51 est le type d'habitation de la grande bourgeoisie.
Au nord, sur la rue, une large porte à double vantail donne accès à une courette, au fond de laquelle se trouve l'entrée de l'escalier étable en une tourelle formant saillie en quart de cercle dans l'angle constitué par les deux sections du bâtiment, disposées en équerre.
Les appartements se superposent en trois étages et bénéficient de quatre grandes fenêtres sur la rue. D'autres se trouvent sur l'aile intérieure dans la cour.
Ainsi qu'il était d'usage jadis, les pièces sont larges, pourvues de planchers, dotées de cheminées et de vastes placards. L'escalier lui-même est en bois, mais tous les agencements sont maintenant dans un état de délabrement qu'on ne saurait imaginer. Il semble qu'une destruction systématique, volontaire, ait été entreprise là.
Au nord de cet immeuble exista une autre construction similaire. Elle fut abattue il y a quelques années.
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L'immeuble portant le numéro 49, et qui fait corps avec le précédent, est au contraire un spécimen des grands magasins que les armateurs ou les commerçants établissaient pour y entreposer leurs marchandises ou le matériel des navires. On en trouve de similaires dans les rues étroites du quartier Saint François.
Ce bâtiment comporte quatre étages, mais si on examine son appareillage de briques, il semble qu'il ait dû jadis être moins important et avoir été l'objet d'une surélévation.

Sur la partie droite s'ouvre l'escalier qu'éclairent de petites fenêtres.

Dans la partie centrale, sont percées à chaque étage de larges ouvertures pourvues de panneaux à deux vantaux pour permettre l'entrée et la sortie des marchandises que l'on hissait au moyen d'une poulie manoeuvrée dans une mansarde dont la poutre maîtresse forme potence à l'extérieur.
A gauche de cette succession d'ouvertures de manutention, et faisant pendant aux petites fenêtres de l'escalier, se superposent des fenêtres de dimensions normales qui, avec les entrées à marchandises, donnaient quelque lumière dans les locaux.
Ce magasin a reçu de multiples utilisations au cours des ans. Il servit notamment de fabrique de galoches et l'on perça des baies dans la muraille située au sud pour mieux éclairer les locaux lorsque les immeubles voisins disparurent.
Quels étaient ces immeubles ? Dans son "Histoire des rues du Havre", notre regretté confrère Charles Vesque, a rappelé qu'au n° 47 avait été construite, en 1658, la maison où naquit Bernardin de Saint-Pierre. Une partie fut démolie en 1865 lorsque l'on perça la rue de la Halle, et le reste en 1875. A cette dernière époque existaient encore les bureaux et les écuries des messageries dont était directeur le père de Bernardin.
L'almanach du "Courrier du Havre" a publié un dessin représentant cette maison.
Autre souvenir de cette rue. Au nord des immeubles, dont nous venons de parler, là où se trouvent les chantiers des entreprises Grieu et fils, se trouvait la prison du Havre. Elle servit de maison d'arrêt jusqu'en 1810, puis fut louée à des particuliers et, vers 1854, servit même de salle de théâtre à une troupe d'amateurs.
Elle a été démolie en 1856, mais un vestige de cette vieille prison subsiste. Il s'agit d'une porte que l'on peut voir dans le couloir d'un immeuble situé rue du Maréchal Galliéni.

A. PETIT

Le moins que l'on puisse dire, c'était qu'à cette époque, la presse fouillait et documentait ses articles...

Sinon, comme on peut le voir, beaucoup de maisons furent vouées à la démolition pour des soucis d'urbanisme. A cela se seraient ajoutés des problèmes de sécurité, d'insalubrité, de remise aux normes, et 70 ans après, qui peut dire ce que seraient devenus ces quartiers ?


Pour finir, voici quelques liens qui permettent de compléter cet article et de peut-être mieux visualiser ces rues d'avant-guerre :

A00142

De même, ce plan permet de mieux visualiser les rues d'avant guerre par rapport aux rues actuelles. Il est à mettre en relation avec le plan suivant de la rue des Remparts, où la partie verte de gauche est cette partie de la rue des Remparts devenue en 1667 rue de la Corderie, et en 1893, rue Emile-Renouf.

A00041

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Commentaires
P
Merci pour ces compliments, Geo...<br /> <br /> Pour ta question sur les archives, il suffit de pousser la porte et d'entrer... quoique, même pas, puisque c'est une ouverture automatique ! lol<br /> <br /> L'entrée est libre, les recherches sont libres, même si on nous demande ce qu'on cherche à l'entrée (je crois que c'est plus pour leurs stats !) Il suffit de remplir une carte de lecteur en début d'année, avec une pièce d'identité. J'y serai vendredi toute la journée si ça te dit !
G
Excellent article, excellent sujet et excellent travail de documentation.<br /> <br /> Cette question: Quel visage aurait Le Havre en 2008 s'il n'y avait pas eu les bombardements de Septembre 1944 ??? C'est une question que je me pause souvent. On rentre dans le mythe...parfois je me prête à rêver que par magie on pourrait modifier le passer juste pour voir quel visage aurait Le Havre aujourd'hui ??? Certainement un grand Honfleur ou un grand Rouen, car il ne faut pas rêver, ces deux villes n'étaient pas très saines non plus avant la guerre.<br /> Je crois que si comme je le disais on pouvait retourner dans le passer pour le modifier, on serait très surpris par Le Havre d'aujourd'hui. Le Havre serait certainement plus grand (le double de la population d'aujourd'hui) car la guerre à créer des mouvement de population énormes, et puis notre ville aurait eu le temps de developper son économie à l'aube des 30 glorieuses (chose que l'on fait seulement depuis la fin des années 90)...peut être aussi un autre destion politique et urbanistique, bref une image différente, une sorte d'Aix en Provence à la Normande, une ville musée une ville figée (loin de la ville active et pleine de projets d'aujourd'hui).<br /> <br /> Comme tu disais à l'époque la Presse Locale faisait de vrais recherches, c'était un travail remarquable comparé à la rubrique actuelle sur l'histoire de nos rues (lol).<br /> Je dispose de quelques articles de Presse sur la destruction progressive du vieux Havre pendant la guerre "Le Havre aux ruelles et facades béantes", "Petit à petit Le Havre s'émiette", "On abat les restes du Petit Collège" etc...<br /> <br /> Petite question: Comment fais-t'on pour accèder aux archives municipales ? Est-ce que l'entrée et les recherches sont libres ??? Est-ce qu'on doit arriver avec un thème de recherche précis ??? J'adorerai pouvoir accèder à cet établissement !!!<br /> <br /> @+ Geo
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