Le Café des Fleurs
Le Café des Fleurs était installé sous les arcades de la Place Gambetta à côté de nombreux autres cafés et restaurants : le Café des Arts, installé depuis 1818, le restaurant Laitier depuis 1826, le Café du Bosquet depuis 1827, le Café de Provence et le Café des Arcades (le plus luxueux) depuis 1832, le plus réputé d'entre tous le Tortoni, créé en 1838 et le Café de France installé depuis 1841.
Il ne porta peut-être pas toujours ce nom, certains changeant régulièrement d'enseigne. Je n'ai pas retrouvé à quelle date il prit cette dénomination de "Café des Fleurs". Cette brasserie, propriété de Maurice Devillers, quelques années avant guerre vit défiler la haute société havraise.
Il tenait ce nom du Marché aux Fleurs qui lui faisait face, puisque cet établissement était situé à l'angle de la Place Gambetta et de la rue de Bordeaux. On le devine sur la photo suivante à l'angle gauche de la place...
Il était situé sous les arcades de la place Gambetta, construites à partir de 1815. En effet, à cette date, la Place Gambetta (ancienne place Louis XVI) va devenir le nouveau centre-ville. La construction du Grand Théâtre, à partir de 1817 et son ouverture en 1823, attirent les cafés autour de la place. Les alentours se construisent vite et rapidement le Conseil Municipal arrête que les maisons qui doivent avoisiner la salle de spectacles (c'est-à-dire du côté ouest) doivent être bâties sur un plan uniforme, d'égale hauteur et précédées d'arcades. C'est sous ses arcades que s'installent plusieurs cafés, comme le célèbre Tortoni ou le Grand Café Français.
Ces cafés de la place attirent à partir de 1838 ces Messieurs de la Bourse. En effet, délaissant le bâtiment proche de la Tour François Ier et les rues avoisinant l'église Notre-Dame, négociants, courtiers et armateurs prennent l'habitude de traiter leurs affaires, en se réunissant en plein air sur la Place Louis XVI. La Bourse du Commerce se tiendra à cet endroit jusqu'en 1880, année de l'ouverture du bâtiment de la place Carnot (voir à ce propos mes articles sur la Bourse).
Le Café des Fleurs, comme les autres cafés, était luxueux, richement décoré même s'il n'avait rien à voir avec le Tortoni.
Seulement, le départ de la place Gambetta de ces Messieurs de la Bourse porte un coup sévère à l'activité des grands cafés de la place. Il leur faudra alors faire des efforts pour attirer une nouvelle clientèle, souvent plus modeste.
Mais le coup fatal porté à ces cafés, et notamment au Café des Fleurs, le fut finalement en septembre 1944 lorsque les alliés bombardèrent Le Havre. Les deux photos suivantes parlent d'elles-mêmes...
Le Café des Fleurs était situé à l'extrême droite de la photo, à la même hauteur que les ruines du Grand Théâtre.
Ici, on repère le Tortoni, situé à l'emplacement des deux arcades encore debout... Au Café des Fleurs, il ne restait même plus l'ombre d'une arcade...
Cet article est dédié à Maryse Mazères, petite fille de Maurice Devillers...
Sources :
- Cartes postales personnelles
- Le Havre à la Belle-Epoque, Pierre-André GROSFILLEX, Editions Libro-Sciences, Bruxelles, 1973.
- Hier, Le Havre, tome I, Jean LEGOY, Editions de l'Estuaire, Fécamp, 1993.
- Centre historique du Havre, quartiers Notre-Dame et Saint-Joseph, Max BENGTSSON et Gilbert BETTON, Gonfreville l'Orcher, 2005.
- Le Havre en photographies 1860-1910, Yann FAVENNEC, Fabrice RICHER, Pascal VALINDUCQ, Editions François 1er, Le Havre, 2004.