Les noms des rues et de la ville
Les principales rues dans le premier siècle qui suivit la fondation du Havre étaient les rues de Sainte-Adresse, (devenue rue d'Estimauville), de Saint-Michel (devenue rue de Paris) et la rue Françoise (devenue rue de la Gaffe).
On peut reconnaître parmi les voies d'avant guerre beaucoup de rues d'alors qui aboutissaient aux bassins. Ce fut l'ingénieur Bellamarto qui fut chargé de tracer les rues au nord de la rue de la Halle et de la place du Vieux-Marché, ainsi que celles du quartier Saint-François. Pour la salubrité de la ville, il voulait établir un système d'égouts destinés à amener dans le port les immondices des grandes rues. Dans la pensée de l'ingénieur, derrière les artères principales devaient être aménagées, à cet effet, de petites rues qui n'étaient pas destinées à être habitées. C'est ce qui expliquerait l'existence des rues étroites du Petit-Croissant, d'Edreville, Saint-Pierre, parallèles aux grandes rues Faidherbe, Dauphine et de Paris.
Les noms des rues du Havre ont diverses origines. Quelques-uns viennent des enseignes des maisons, alors que les rues n'étaient pas numérotées. D'autres prirent le nom des habitants, telle la rue d'Estimauville. Beaucoup proviennent de leur disposition ou de leur situation. Exemples : la rue Saint-Michel, qui menait à l'église paroissiale d'Ingouville ; la rue de Sainte-Adresse qui, prolongée, menait au village du même nom ; la rue du Pont-des-Barres, qui conduisait au pont du même nom ; la rue Notre-Dame, qui longeait l'église Notre-Dame ; la rue Françoise ainsi appelée du nom du fondateur de la ville ; les rues Saint-Eloi, Saint-Julien; Saint-Martin, du nom des Saints.
Les noms de ces rues ont varié au XVIIème siècle et surtout pendant la Révolution. La rue d'Estimauville fut un moment la rue du Chat qui danse. La rue Saint-Michel est devenue la rue de Paris, la rue du Pont des Barres fut appelée la rue des Drapiers, etc.
De son côté, le nom même de la ville fluctua les premières décennies de son existence. Le nom de ville Françoise paraît pour la première fois, dans un document officiel en 1530. Le roi écrit : "Notre ville Françoise de Grâce que nous avons fait bâtir et édifier et à laquelle nous avons donné notre nom en perpétuelle mémoire de nous". Jusque-là, on avait employé les expressions : lieu de Grasse, port de Grasse ou Grâce. Le nom de Havre (qui veut aussi dire 'port' dans le sens de refuge) seul est resté. Un 'havn' dans les langues scandinaves est un 'port', un 'refuge'. On retrouve d'ailleurs ce mot en anglais dans des villes comme Newhaven.