Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Havre d'avant... ou l'histoire en photo de la ville du Havre et des Havrais avant la guerre...
19 août 2008

L'Hôpital général du Havre, précisions...

Suite aujourd'hui de nos tribulations à propos de l'Hôpital général du Havre...

Avant de poursuivre demain l'historique de cet hôpital, je voudrais revenir sur plusieurs points non évoqués avant-hier.

Tout d'abord, quasiment dès sa création, cet hôpital a obtenu du roi deux privilèges qu'il conserva longtemps et qui lui permirent de "faire rentrer de l'argent" dans ses caisses, argent autre que celui des dons et donations...

Par un arrêt du Conseil du 5 novembre 1686, on lui octroie le privilège de la fabrication et de la vente des étoupes destinées à calfater les vaisseaux de la marine. Avant cette date, cette fabrication se faisait à domicile par des femmes et des invalides, parmi les plus pauvres de la population, demeurant surtout à Saint-François (la rue des Etoupières en est un souvenir). Comme il n'était pas question d'enlever à ces travailleurs leur seul moyen de subsistance, sauf à les conduire à l'hôpital, ils furent maintenus dans leur statut de travailleurs à domicile, mais sous le contrôle de l'hôpital. L'hôpital augmenta aussi leur nombre et créa parallèlement ses propres ateliers au sein même de l'hôpital où il employa les petits garçons et les filles.

L'autre privilège accordé à l'Hôpital général était le droit exclusif de l'établissement des bateaux passagers du Havre à Honfleur, pour les personnes et les marchandises (d'où la dénomination Bateaux de l'Hospice).

A00236
Le passager d'Honfleur

En 1696, l'Hôpital racheta à leurs armateurs les quatre barques passagères qui, avant le privilège, effectuaient ce service. Puis on en supprima deux en 1722. L'Hôpital bénéficiera des fruits de ce privilège jusqu'en 1875, date à laquelle, devant la désuétude de ce moyen de transport pour franchir l'estuaire, il remettra à l’hôpital de Honfleur la dernière barque-passagère et cessera l’exploitation.

A00441
Le poste des bateaux passagers en 1849.
Dessin de Riou, d'après un croquis de Boudin.

(Le Havre d'autrefois)

Vous remarquerez que ces bateaux étaient appelés "les Bateaux de l'Hospice" et non "les Bateaux de l'Hôpital". De même, si l'appellation officielle de cet hôpital était "Hôpital général de la charité Saint-Jean-Baptiste", il n'était pas rare de le voir appeler "Hospice général de la Charité Saint-Jean-Baptiste".

A quoi tient donc cette différence d'appellation entre hôpital et hospice ? On confond généralement les deux, mais en fait, chaque mot désigne bien une réalité différente. Les hospices sont consacrés à la vieillesse et aux incurables, tandis que l'hôpital a vocation à soigner temporairement des malades. Or, notre hôpital-hospice remplit bien les deux fonctions : il reçoit les incurables des deux sexes et soigne les malades civils, hommes, femmes et enfants, atteints de maladie aiguës et chroniques, ou blessés accidentellement, les malades militaires et marins, les enfants assistés, les détenus malades et les aliénés....

Tous les services relatifs à cet hôpital sont administrés par une commission composée du maire et de six membres renouvelables : deux membres élus par le conseil municipal et les quatre autres nommés par le préfet et renouvelables par quart chaque année.

A partir de 1871, un directeur, ayant sous ses ordres un économe, aura la surveillance générale de ces services. Un receveur spécial gèrera les revenus.

Les chirurgiens et les médecins n'obtiennent le titre de médecin des hôpitaux qu'après avoir été reçus à un concours très difficile.

A00438
Affiche pour le "concours pour une place de médecin suppléant" des hospices du Havre, du 28 juin 1905.
(AM Le Havre, FC/Q3 10, 10)

A00439
Quelques médecins de l'Hôpital Général au XIXe siècle

Quarante religieuses de la congrégation de Saint-Thomas de Villeneuve assistent les malades à l'Hospice Général.

A00440
Soeur de la Congrégation de Saint Thomas de Villeneuve

Demain, je poursuivrai donc l'historique de l'Hôpital en vous parlant des différentes constructions qui sont venues s'ajouter au XIXe siècle à celles déjà évoquées avant-hier...

Sources :

- Petite histoire illustrée du Havre, Beaucamp et Le Grix, Le Havre 1893.

- Le franchissement de l’estuaire de la Seine à travers l’Histoire, Jean Legoy, Cahiers Havrais de Recherche Historique, n° 52.

- Regards sur quatre siècles de vie hospitalière au Havre, Philippe Manneville, Centre Hospitalier du Havre,éditeur, 1994.

Toutes les illustrations sont extraites de ce dernier ouvrage, exceptée la première, extraite de l'ouvrage de Jean Legoy.

Publicité
Publicité
Commentaires
Derniers commentaires
Publicité
Archives
Le Havre d'avant... ou l'histoire en photo de la ville du Havre et des Havrais avant la guerre...
Publicité