Non au démantèlement des portes de la Caserne Kléber !
En 1865, la Citadelle, qui servait de garnison depuis sa création par Richelieu en 1628, est détruite pour laisser place à des bassins. Le problème du cantonnement de la garnison dans des logements appropriés ne se posa pas longtemps car dès 1864, on avait décidé la construction d'une caserne d'infanterie, en lieu et place des fossés et des remparts fraîchement démolis, avoisinant l'ancienne porte Royale. Avant même la destruction de la Citadelle débutent donc les premiers travaux de la future caserne. Ils s'achèveront six ans plus tard, en 1870.
Construite sur les plans des ingénieurs Gabe et Anfrié, elle est inaugurée le 4 avril 1870 par le 93e de ligne, sous le nom de Caserne Napoléon III. Elle était située boulevard de Strasbourg, à proximité de la gare, sur plus de trois hectares. Après la guerre de 1870-1871, elle devint caserne Kléber, en hommage au général français victorieux sous la période bonapartiste. Elle était exclusivement réservée à l'infanterie, les bâtiments pouvant accueillir près de 1.000 hommes de troupe.
Voici maintenant un aperçu photographique de ce bel édifice.
Les soldats de la garnison, au nombre de 2.200 en 1914, étaient répartis entre les deux casernes de la ville basse (la caserne Kléber et la caserne d'artillerie Eblé construite juste à côté en 1883) et les forts de Tourneville et de Sainte-Adresse dans la ville haute, mais ils préféraient de loin "être en bas", les forts étant bien éloignés de la vie de la ville et, surtout, parce qu'on ne pouvait accéder à Tourneville qu'en grimpant des raidillons et des dizaines de marches !
A partir de 1875, la valse des régiments cesse, et Le Havre ne va alors accueillir alternativement en garnison que deux régiments : les 119e et 129e de ligne, puis à partir de 1905, uniquement le 129e Régiment d'Infanterie, qui devient alors "LE" régiment du Havre. Il est intégré à la vie de la cité et sa musique distrait souvent les Havrais dans les défilés et dans les kiosques. Il fait la fierté des Havrais. Après la première guerre mondiale, le tambour-major Georges Blanrue et sa fanfare sont sollicités de toutes parts. Il n'est pas rare de compter près de soixante clairons et tambours lors des grandes manifestations... La musique du 129e RI retentira jusqu'à la libération.
Une chambre dans la caserne Kléber.
Des soldats du 129e Régiments d'Infanterie au repos.
Les cuisines de la caserne Kléber en 1910.
La caserne Kléber continuera ainsi sa vie jusqu'en 1940 où les premiers bombardements allemands s'abattent sur la ville et la caserne...
La caserne Kléber subit de sérieux dommages dès les bombardements de mai-juin 1940. Elle est de nouveau sinistrée en août 1941...
Elle subira finalement le même sort que le reste de la ville lors des bombardements de septembre 1944. De la caserne Kléber ne demeurent aujourd'hui que les vestiges représentés par le portail et le cercle des officiers...
L'histoire de la caserne pourrait s'arrêter là... malheureusement, nous avons appris il y a quelques jours que pour d'obscures raisons de visibilité des nouvelles constructions, les portes de la caserne Kléber risquaient d'être condamnées à la destruction...
Ce que les bombes allemandes et anglaises n'avaient pas réussi à détruire entre 1940 et 1944, des bulldozers et pelleteuses bien de chez nous, risquent de le faire, aujourd'hui en 2009 !!!
Comme nous, manifestez-vous et dites NON à la destruction des portes de la caserne Kléber, même si pour l'instant, aucune information n'est officielle.
Différentes actions sont en cours pour essayer de préserver ce patrimoine d'avant guerre, finalement assez rare dans Le Havre d'aujourd'hui ! Vous pourrez trouver d'autres infos chez :
- Dan : Havrais-dire : La porte Kléber menacée, Porte Kléber suite
- Phyll : Le Havre etc... En péril et En péril 2
- Geo : Le Havre en photo, Il faut sauver la porte Kléber
- Marcopolo76 : Lumière de Seine et d'ailleurs, Chef d'oeuvre en péril
- Joramy : Le Havre à travers l'objectif, Péril
- Jean-Michel Harel : Normandie Le Havre Blog, Portes de la Caserne Kléber - Le Havre
J'actualiserai cette liste au fur et à mesure des billets qui naîtront sur la blogosphère havraise. Sachez que nous ne resterons pas inactifs, mais d'ores et déjà, mobilisez-vous et n'hésitez pas à nous apporter votre soutien !
Vous trouverez des compléments à ce billet à cette adresse : Compléments
Sources :
- Petite Histoire du Havre illustrée, Emile C. de Beaucamp, N. Le Grix, Le Havre, 1893.
- Le Havre à la Belle Epoque, Pierre-André Grosfillex, Liège.
- Le Havre de 1517 à 1966, 2500 dates au fil des années, Michel Eloy, Le Havre, 1967.
- Le Havre, revue Escale, éditée pour le 450ème anniversaire de la fondation du Havre, Michel Eloy, PAH, Le Havre, 1967.
- Le Havre 1517-1986, du Havre d'autrefois à la métropole de la mer, Jean Legoy, Martine Liotard, Philippe Manneville, Henri Dulaurier, Eric Levilly, Editions du P'tit Normand, Rouen, 1986.
- Le Havre 1940-1944, cinq années d'occupation en images, tome I, Jean-Paul et Jean-Claude Dubosq, Editions Bertout, Luneray, 1995-2006.
- Hier, Le Havre, tome II, Jean Legoy, Editions de l'Estuaire, Fécamp, 1997.
Le Havre 1900, Gaston et Jean Legoy, Editions de l'Estuaire, Fécamp, 1999.
- Le Havre dans les années 1900, tome 2, édifices et lieux publics, Maurice Couturaud, Jean-Marc Derrien, Dominique Léost, Editions Page de garde, Caudebec-lès-Elbeuf, 2002.
- Le Havre en photographies 1860-1910, Yann Favennec, Fabrice Recher, Pascal Valinducq, Editions François 1er, Le Havre, 2004.
- Documents personnels.