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Le Havre d'avant... ou l'histoire en photo de la ville du Havre et des Havrais avant la guerre...
21 mai 2009

La Gendarmerie du Havre, dans les années 30...

Aujourd'hui, je vais vous présenter un nouveau billet sur la Gendarmerie du Havre, gendarmerie qui était située place de la Gendarmerie, dans le quartier Notre-Dame.

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Cette gendarmerie fut achevée en décembre 1863, en lieu et place de l'ancienne prison, démolie en 1860 pour l'installer rue Lesueur. Elle était située dans le quartier Notre-Dame, entre la rue Beauverger et la rue J. Gruchet, et entre la rue des Remparts et la rue de la Halle. Dans Le Havre d'aujourd'hui , elle serait située en lieu et place du lycée Porte Océane. Très peu de documents circulent sur cette gendarmerie et la place qui se trouvait juste devant. J'ai déjà évoqué cette place dans plusieurs billets :

J'ai cependant de nouvelles précisions et documents à vous proposer sur cet édifice... Pour une fois, ils ne proviennent pas des Archives Municipales du Havre, mais des archives personnelles d'André Devallière, lecteur de ce blog, qui m'a apporté les documents et les explications qui allaient avec. Un grand merci à lui donc...

La Gendarmerie Nationale du Havre occupait une surface correspondant à un vaste rectangle jouxtant, sur toute sa longueur, la Place de la Gendarmerie, et s’ouvrant, en gros, au Nord.

Voici le croquis qu'André a fait... Il n’indique pas de cotes, faute de les connaître précisément...  La Gendarmerie occupait toute la longueur de la place. Les chiffres en rouge renvoient aux photographies présentées à la fin de cet article.

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Les bâtiments étaient construits en brique rouge-noir, traditionnelle dans l’Ancien Havre, organisés autour d’une cour centrale. Ils ne disposaient que d’une seule entrée, celle donnant sur la place.

Ces bâtiments étaient sans cave, des caveaux existant au niveau du rez-de-chaussée.

Deux rues encadraient cette construction, côté Est, la rue Beauverger, et côté Ouest, la rue J. Gruchet qui trouvait son prolongement dans la rue des Viviers au sud...

De part et d’autre de l’entrée, se trouvait un bureau.

Le long des deux rues précitées, on trouvait les bâtiments d’habitation des Gendarmes, sur deux étages, les logements étant répartis de part et d’autre d’un couloir central obscur, desservi en bout par un escalier assez large.

Ces logements étaient sans confort. Le chauffage était réalisé par une cuisinière à charbon fer et fonte (commune à l’époque, mais appartenant aux occupants), dans la pièce-cuisine, disposant d’un bain-marie pour y puiser de l’eau chaude (capacité : environ 3 à 5 litres). Il y avait l’électricité et l’eau sur l’évier. En général, les gendarmes disposaient de 2 ou 3 pièces d’habitation carrées en enfilade.

Les W-C à la turque étaient sur le palier et communs à l’étage, sans aucune pièce sanitaire.

Face à l’entrée, et côté sud de l’ensemble immobilier, on trouvait des écuries pour chevaux. Dans les années 30 où André vécu dans cette gendarmerie, ces écuries n'étaient plus utilisées puisque la Gendarmerie à cheval fut remplacée par de la Gendarmerie à pied vers 1925. Du coup, elles abritaient la voiture de fonction (et d’inspection) du Capitaine, mais aussi un cheval d’apparat (ou de "distraction"), à l’usage du Capitaine. A ce propos, André m'a raconté cette anecdote... En 1934 ou 1935, le Capitaine avait touché une Renault (bâchée) genre Primaquatre. Son chauffeur (l'Officier ne conduisant pas, selon la règle militaire) s'était extasié d'avoir atteint la vitesse de pointe de 104 km/h sur le plateau de Gainneville... Ce Capitaine en exercice dans les années 1928 à 1936 se nommait Desfontaines. C'était un homme de belle prestance, et apprécié de ses subordonnés. Il poursuivit ensuite sa carrière à Paris où il fut nommé Général.

En façade, donnant sur la place, on trouvait le logement de l’Officier commandant, avec vue aussi sur cour, et un jardinet attenant, côté Ouest.

Au centre, en carré, un jardin d’agrément ou décoratif relativement famélique. La cour était constituée de terre battue et gravier.

Deux bâtiments avaient été ajoutés ultérieurement (fin XIXe ou plutôt début XXe, par leur style et matériaux) pour y accueillir les Sous-Officiers : Adjudant-Chef et Chef (s) de Brigade (Maréchaux des Logis, en termes techniques). Ces bâtiments disposaient d’un relatif confort individuel.

L’un de ces deux bâtiments était situé dans un décrochement (au sud) ceint de hauts murs mitoyens, avec une courette sans soleil.

L’effectif se composait de :

  • Un Officier, le Capitaine, responsable de la Ville et de l’Arrondissement, avec ses Brigades locales.
  • Des Sous Officiers : un Adjudant-Chef, Adjoint du Capitaine et un (ou deux) Maréchaux des Logis.
  • 20 Gendarmes à pied. Ces derniers exerçaient une fonction de recherches, d’enquêtes, d’arrestations, de répression des délits, de recrutement, mais en aucun cas de police de la route ou de circulation en général (du moins, en ville). En gros : ils faisaient un travail policier. (J'en reparlerai dans un prochain billet).

Après cette description ô combien précise effectuée par André, voici maintenant quelques clichés datant tous des années 30.

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Photo 1

Alfred Marescaux, en premier communiant, dans la cour de la Gendarmerie (probablement en 1933). Derrière lui, on peut apercevoir la place de la Gendarmerie.

J'ai également très peu de photographies de cette place, hormis celles visibles dans les billets mentionnés plus haut.

Voici cependant plusieurs édifices, tels qu'ils étaient dans les années 30.

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Cet immeuble, appelé "roi du rhum" faisait l'angle de la rue Beauverger avec la place de la Gendarmerie. Charles Renault, un autre lecteur assidu du blog, y est né en 1931. Il m'avait envoyé deux photos d'avant-guerre du café de son papa... Il était situé au 18 de la rue Beauverger, juste à côté de la place. Sans doute André l'a-t-il aussi connu...

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Photo 2

Ce cliché date de 1930-1931. Comme celui qui va suivre, il présente différents chefs et gendarmes devant le bureau de la brigade. (Le personnage central était nommé Nectoux, et celui de droite prénommé Camille).

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Photo 3

Ce cliché date aussi de 1930-1931. Il présente la brigade presque au complet, avec de gauche à droite, Francel, Couture, Nectoux (adjudant), Michel, Devallière (le père d'André) et un sixième personnage non identifié.

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Photo 4

Ce cliché date de 1932-1933. On y retrouve Alfred Marescaux (le communiant du premier cliché), sa tante et André Devallière, assis, une canne sur l'épaule, signe d'une convalescence suite à la fracture d'une jambe... Les trois personnages posent dans le jardinet décoratif, situé au centre de la cour de la Gendarmerie. Tout au fond, on découvre les écuries pour chevaux évoquées plus haut...

Ainsi se termine ce reportage sur la Gendarmerie du Havre, telle qu'André l'a connue dans les années 30. Un grand merci à lui pour sa gentillesse, sa disponibilité et la confiance qu'il m'a accordée en m'envoyant ses précieux documents. Merci pour tout, ce fut un beau cadeau !

Merci aussi à Charles Renault de m'avoir envoyé les photographies du café de son papa.

Pour terminer, je préciserai que j'ai pris le parti de nommer les différents personnages  présents sur les photographies. Au cas où vous seriez sur ces photographies, ou descendants d'un des personnages et que le fait d'être nommé vous gêne, n'hésitez pas à me contacter. Et si cela ne vous gêne pas, vous pouvez aussi prendre contact avec moi, je pense qu'André en serait ravi et... ému.

Sources :
- Photographies personnelles et commentaires explicatifs d'André Devallière.
- Photographies personnelles de Charles Renault.

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Commentaires
B
Bravo Damien pour un reportage de très haute qualité,qui fait grand plaisir à tous les amoureux de cette belle cité et à moi en premier ,je te souhaite un jolie fin de semaine .
P
Merci Damien, Merci André, et Merci Charles !!! ce reportage est aussi instructif qu'émouvant !!<br /> je n'en dis pas plus, car cela ferait double emploi avec les dires de DAN !!<br /> Bravo et Merci encore !!! ,o)
D
J'ai lu deux fois ce reportage tellement il me passionne. J'essaie d'imaginer ce que fut la vie des ces personnes dans ces lieux, de leur vie et, bien sur, de leur environnement. Cette partie de la ville du Havre est pour moi, très difficile à imaginer telle quelle était. Si dans d'autres quartier il reste quelques maisons témoins de leur époque où l'on peut se figurer ce qu'était l'ensemble du quartier ou du pâté de maison, ici rien de tel, les rares photos que l'on a ne suffisent pas toujours à reconstituer l'ambiance de l'époque.<br /> Ce témoignage est d'autant plus précieux, que les témoins de cette époque sont, hélés, de moins en moins nombreux. <br /> Qu'il soit ici remercié, ainsi que Damien, pour avoir permis à ma génération et, je l'espère, aux générations suivantes, d'avoir un témoignage de vie aussi précis de la vie sociale des années 1930.
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