Lesueur et Le Havre
Petit compte rendu de ma visite au Muséum d’Histoire Naturelle du Havre, afin de découvrir les 27 dessins de Charles-Alexandre Lesueur, présentés dans cette exposition : Lesueur et Le Havre.
Après un petit préambule fort sympathique sur le nouvel agencement du muséum d’histoire naturelle, Gabrielle Baglione, responsable de la collection Lesueur au Muséum du Havre, et Laurent Bréard, photographe pour le fonds des musées historiques, expliquent le pourquoi de cette exposition et le parti pris : une mise en parallèle de 27 dessins du naturaliste Charles-Alexandre Lesueur et de photographies anciennes (des Fonds Angelo Caccia et Georges Priem) ou contemporaines (de Laurent Bréard), sur le thème du Havre, mettant en valeur les constantes et les évolutions de la Ville.
Ces dessins sont issus de l’immense collection Lesueur détenue par le Muséum (plus de 8000 pages de carnet, 4500 dessins), et sont exposés pendant 3 mois avant de retourner en réserve, pour au moins 3 ans, et ce, pour des soucis de conservation.
Les dessins exposés changeront ainsi tous les trois mois, à chaque nouvelle saison (les 21 mars, juin, septembre et décembre de chaque année), avec à chaque fois une thématique nouvelle.
Né au Havre le 1er janvier 1778, Charles-Alexandre Lesueur, issu d’une famille bourgeoise aisée, fait ses études au Collège du Havre où des cours de dessin sont dispensés. Toutefois, il est peu probable que ce soit ici qu’il est acquis ce fabuleux coup de crayon…
En 1800, il s’engage avec le Commandant Nicolas Baudin dans une expédition nationale afin de découvrir les Terres Australes. Il est au départ aide-canonnier et dessinateur pour le journal de bord de Baudin, puis très vite, profitant des circonstances de voyage, devient dessinateur officiel de l’expédition.
Il se sensibilise au contact de la vingtaine de savants embarqués à l’ensemble des sciences, puis il finit par rentrer au Havre en 1804. Il repart puis revient vers 1813-1814. C’est à cette période qu’il commence véritablement à travailler sur la falaise et l’étude du littoral.
Ensuite, il repart pour deux ans aux Etats-Unis, pays où il séjournera finalement 21 ans. Revenu au Havre en 1837, il s’installe chez ses neveux à Sainte-Adresse où il s’éteindra le 12 décembre 1846. Il y est d’ailleurs enterré.
Lors de son passage au Havre, il dessine l’évolution du littoral et laisse des témoignages fort intéressants sur les phares de la Hève, sur le rôle des mâts de signaux qui servaient entre autres à informer ceux de la Tour François Ier sur le niveau des marées, sur l’importance des épis dans la conservation du littoral, sur le problème du ramassage des galets. Il atteste aussi des activités de pêche, de la présence de parcs à huîtres au Havre, des nombreux fossiles présents sur la falaise.
Toutes ces observations se retrouvent dans les 27 dessins de l’exposition regroupés selon quatre centres d’intérêt : le littoral ; la Hève et ses épis ; le port, les bassins, les bateaux ; et la Ville.
Malheureusement, cette dernière n’était pas le sujet de prédilection de Charles-Alexandre Lesueur qui a finalement très peu dessiné la ville, et quand il le faisait, il ne la représentait pas toujours de manière réaliste.
Ainsi, sur ce dessin de la rue d’Ingouville, il a "fait rentrer" tout ce qu’il a voulu y "faire rentrer", sans souci de réalisme. Les plans se juxtaposent artificiellement. Le dessin recompose cette zone sur un feuillet étroit, faussant la perspective.
Il faut dire qu’au premier abord, on s’attend à autre chose que ces petits feuillets de carnet, sur vélin, de dimension 13 par 18 cm. Finalement, on est envoûté par la précision du tracé, la finesse du trait, le détail que seuls la loupe et l’œil expert de Gabrielle Baglione permettent de repérer.
Les dessins présentés dans ce post proviennent de l’ouvrage de Philippe Manneville, édité aux éditions Bertout en 1987. Toutefois, je trouve que le rendu n’est pas excellent. Ces représentations en noir et blanc, aux traits souvent trop marqués, sont loin de valoir les originaux.
Je ne vous conseille donc qu’une chose : allez vite voir cette exposition : ça vaut le détour ! De plus, rappelez-vous qu’après le 15 mars, il vous faudra attendre au moins trois ans avant de revoir ces dessins…
Une autre conférence visite de l’exposition aura lieu le jeudi 6 mars 2008.