Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Havre d'avant... ou l'histoire en photo de la ville du Havre et des Havrais avant la guerre...
16 avril 2008

Le logis du Roy, premier hôtel de ville

Construite vers 1520, la maison de M. de Chillou devint un édifice public sous le nom de Logis du Roy. De forme quadrangulaire, elle avait un rez-de-chaussée, un étage, des combles et deux tourelles octogonales. A l'origine, ce bâtiment fut créé par Du Chillou pour son usage personnel.

Après la mort de du Chillou, cette maison fut affectée à la juridiction maritime et à l'administration municipale. Sous Henri II, en 1551, les bourgeois du Havre l'achetèrent aux héritiers de l'ancien gouverneur pour 50,000 francs : ce fut le premier Hôtel de Ville. Il le restera jusqu'en 1752.

A00260

En 1679, on le dota de galeries latérales afin d'accueillir les notables qui y descendaient.

En 1752, on construisit un nouvel hôtel pour le lieutenant du roi, en remplacement du Logis du Roy qui tombait en ruines. Il fut édifié près de la porte du Perrey et servit d'Hôtel de ville de 1792 à 1859 et se nommait Hôtel de Beauvoir.  En effet, en 1792, le Logis du Roy cessa d'être hôtel de ville pour devenir la sous-préfecture et le tribunal de Commerce.

Voici maintenant la description qui en était faite dans un ouvrage de 1825.

C'est un vaste corps de bâtiments, situé au Havre, près de la place de la bourse. L'architecture en est de mauvais goût, quoiqu'il ait été construit à l'époque où les beaux-arts florissaient en France. Il fut bâti par Guyon le Roy, seigneur du Chillou, premier gouverneur de cette cité. C'était là qu'il demeurait, mais sous le règne d'Henri II, en 1551, les habitants en firent l'acquisition de Louis Duplessis, ancêtre du fameux cardinal de Richelieu. [Note 1] Les souverains qui venaient visiter le Havre, descendaient jadis dans ce vieil édifice. L'infortuné Louis XVI y logea le dernier.


A00261

Devant l'ancien hôtel de ville se trouve une cour d'honneur, sous laquelle est une immense citerne pour fournir de l'eau au Havre s'il venait à être assiégé, et que les canaux qui lui en procurent fussent rompus.
Dans cet antique monument, il se passa autrefois un fait inouï, dont la cause est encore couverte d'un voile impénétrable. Sous le règne d'Henri IV, en 1599, le gouverneur du Havre y fit venir trois jeunes officiers de la garnison, nommés Raulin ; et là, dit-on, il les somma d'obéir à des ordres contraires au service du Roi : ceux-ci, mus par le sentiment de leur devoir, refusèrent de les exécuter. Alors, ils virent paraître des hommes plastronnés. Ces infâmes sicaires, soudoyés par le gouverneur, qui haïssait ces jeunes militaires, égorgèrent deux des frères dans la salle des assemblées. Le troisième avait échappé aux meurtriers, en fuyant par l'une des galeries régnant sur la cour, quand, poursuivi par sa fatale destinée, il demeura attaché à un clou fixé contre la muraille. On le massacra en cet endroit. [Note 2] Le père de ces infortunés, avocat au Havre, furieux d'une telle cruauté, voulut vainement ameuter le peuple contre le bourreau de ses fils. Ce fut probablement en expiation de cet assassinat que le corps des victimes fut déposé dans l'église Notre-Dame. Une épitaphe, placée sur l'un des piliers, indiquait que ces trois frères moururent à la même heure, le 16 mars 1599. L'auteur du crime fit courir le bruit qu'ils étaient coupables envers le Roi, mais ce moyen ne put le disculper de ce que sa conduite avait d'odieux. On connaissait l'inviolable fidélité de ces braves officiers, et chacun pensa qu'ils avaient été immolés à un ressentiment particulier.
Maintenant, ce vieux bâtiment renferme le tribunal de commerce, celui de la justice de paix et l'administration de l'octroi.
Certains jours de la semaine, la cour et l'escalier sont remplis d'une foule de gens qui se dirigent, les uns au tribunal de commerce, et les autres au tribunal de paix.
En observant ceux qui fréquentent le premier de ces tribunaux, on remarque que leur costume est généralement soigné et leur ton décent, ce qui forme un contraste parfait avec les individus qui se montrent à l'autre tribunal.
Au tribunal de commerce comme en première instance, ce sont presque toujours des avocats qui défendent les parties. Alors l'attention que l'auditoire apporte à leurs plaidoyers est proportionnelle à leur talent oratoire.

En 1839, le premier musée du Havre est créé dans une partie du Logis du Roy.

Deux ans plus tard, en 1841, on transfére le Tribunal de Commerce du Logis du Roy au 15, rue de la Halle. Complètement désaffecté, on peut alors faire place nette.

En 1842, on démolit définitivement le Logis du Roy pour installer au même emplacement le Musée des Beaux-Arts.

[Note 1] : Armand-Jean du Plessis, futur cardinal de Richelieu, était le petit-fils de Louis du Plessis, seigneur de Richelieu, marié à Françoise de Rochechouart. Ce Louis du Plessis était lui-même le petit fils de Guyon le Roy, seigneur du Chillou. Ce n'est donc pas un hasard si Richelieu se retrouva gouverneur du Havre en 1626.

[Note 2] : voir Le massacre des frères Raoulin et Le massacre des frères Raoulin (suite).

Publicité
Publicité
Commentaires
Derniers commentaires
Publicité
Archives
Le Havre d'avant... ou l'histoire en photo de la ville du Havre et des Havrais avant la guerre...
Publicité